Tercera edición, tercer cambio de nombre, un nuevo formato. Organizadas en dos días, las Jornadas Doctorales Francia-América Latina volvieron a deslumbrar por su efervescencia intelectual. Coorganizadas por el Instituto Francés de Chile, la Universidad de Temuco, los miembros del proyecto Anillo de la Cátedra de Racismo y Migraciones de la Universidad de Chile y el polo Cono Sur del Instituto de las Américas, en relación con los puestos de cooperación científica y universitaria francesa en el Cono Sur, el tema de estas jornadas doctorales fue las migraciones.
Una primera conferencia en forma de diálogo entre Catherine Wihtol de Wenden y Luis Eduardo Thayer, especialistas en políticas migratorias en Europa y América Latina, mostró cómo la definición de la migración como problema es relativamente nueva. Las políticas migratorias son cada vez más restrictivas en ambos continentes. El cuerpo del migrante existe, pero se hace visible o invisible en función del contexto político. El migrante cumple una función económica, pero también política en la medida en que contribuye a la construcción de una narrativa nacional y participa en la definición del yo en relación con el otro. Este otro tiene otros rasgos, un pelo diferente, se le llama “campesino”, “negro”, “indio” y se le califica moralmente de “ladrón”, “vago”, “alcohólico”. Es el reflejo que nos permite vernos y definirnos.
Además de esta declaración introductoria, las jornadas fueron sobre todo un espacio para exponer y reflexionar sobre los proyectos de investigación de los/las estudiantes: tanto los/las inscritos/as en el ciclo de formación doctoral: Las marcas violentas de los viajes migratorios organizado por el proyecto Anillo de la Cátedra de Racismo y Migraciones de la Universidad de Chile, apoyado por el Instituto Francés de Chile, como los/as seleccionados/as por la Universidad de Temuco.
Desde los migrantes venezolanos en Colombia y Perú, hasta los centroamericanos en el Istmo de Tehuantepec en México, pasando por los paraguayos en Argentina, los haitianos en Chile, los desplazados en Colombia, la migración rural en Argentina e incluso la de los Mapuche en la zona austral, las intervenciones nos mostraron que los cuerpos están vivos, se mueven, son fluidos aunque esta movilidad vaya acompañada de mucha discriminación, dolor, explotación, precariedad, violencia y muerte. También destacaron que el discurso cada vez más populista sobre la migración se repercute en el comportamiento y las relaciones sociales del migrante, especialmente en sus relaciones con la administración, la policía y en sus relaciones cotidianas. Aunque la frontera es un lugar de violencia física y psicológica, no es algo fijo. Los inmigrantes y sus hijos la llevan y la experimentan constantemente en sus relaciones con los demás. Se materializa en la discriminación en el acceso al empleo, la salud y la educación e incluso en su propio cuerpo.
Estas jornadas doctorales han cumplido su objetivo, el de sentar las bases de una cultura científica internacional en torno al tema de las migraciones. Los jóvenes investigadores son los productores de conocimiento y, en este sentido, desempeñan un papel crucial a la hora de ayudar a nuestras sociedades a comprender las complejas cuestiones de la migración y el racismo. También son portadores de propuestas y soluciones para que los derechos fundamentales no se limiten a su presencia en los textos legales, sino que se respeten realmente.
Esta cultura científica se sitúa en la intersección de los círculos académicos, militantes y artísticos, por lo que estas jornadas doctorales también estuvieron marcadas por los intercambios con las asociaciones locales y artísticas. Desde el aprendizaje de danzas tradicionales peruanas (Jacha Uru), pasando por el análisis de anuncios comerciales (Kütral Vargas Huaquilima), la construcción de un glosario de términos no racistas (Peterson Saintard), hasta la construcción de un podcast sobre la trata de personas (TRAMA Tejido Migrante- Colombianos por Siempre), la elaboración de un contra discurso (Movimiento Acción Migrante), la búsqueda de soluciones a la violación de los derechos laborales de los trabajadores migrantes (Sindicato Frigorífico Temuco), la propuesta de asistencia psicosocial (Fundación social Remanente) las actividades tuvieron como objetivo el intercambio en torno a un enfoque nuevo en la manera de acercarse al objeto de estudio.
Troisième édition, troisième changement de nom, un nouveau format. Organisées sur deux jours, les Journées Doctorales France – Amérique Latine ont encore ébloui par leur effervescence intellectuelle. Co-organisées par l’Institut français du Chili, l’université de Temuco, les membres du projet Anillo de la Chaire Racisme et Migrations de l’université du Chili et le pôle cône sud de l’Institut des Amériques, en lien avec les postes de la coopération scientifique et universitaire française dans le cône sud, ces journées doctorales avaient pour thématique les migrations.
À l’affiche : une première conférence sous forme de dialogue entre Catherine Wihtol de Wenden et Luis Eduardo Thayer, tous deux spécialistes des politiques migratoires, en Europe et en Amérique Latine, a donné à voir comment le fait de définir les migrations comme un problème est relativement nouveau.
Les politiques migratoires sont chaque jour davantage restrictives sur les deux continents. Le corps du migrant existe mais est rendu visible ou invisible selon le contexte politique. Le migrant remplit une fonction économique mais aussi politique dans la mesure où il contribue à la construction d’un récit national et participe de la définition de soi face à l’autre. Cet autre a d’autres traits, un cheveu différent, il est appelé « paysan », « noir », « indien » et est qualifié moralement de « voleur », « feignant », « alcoolique ». Il est le reflet qui permet de se voir et de se définir.
Outre ce propos introductif, les journées ont surtout constitué un espace pour mettre en avant et réfléchir aux projets de recherche des étudiant.e.s. : celles et ceux inscrit.e.s au cycle de formation doctorale Les marques violentes des voyages migratoires organisées par le projet Anillo de la Chaire Racisme et Migrations de l’université du Chili, soutenu par l’Institut français du Chili, et les quelques selectionné.e.s par l’université de Temuco.
Des migrant.e.s vénézuelien.ne.s en Colombie et au Pérou, jusqu’aux Centroaméricain.e.s dans l’isthme de Tehuantepec au Mexique, en passant par les Paraguayen.ne.s en Argentine, les Haitien.ne.s au Chili, les déplacé.e.s en Colombie, la migration rurale en Argentine ou encore celle des Mapuche dans la zone australe, les interventions ont montré que les corps sont en vie, se meuvent, qu’ils sont fluides même si cette mobilité s’accompagne de beaucoup de discrimination, douleur, situations d’exploitation, de précarité, de violence et de mort. Elles ont aussi mis en exergue que les discours sur la migration, toujours plus populistes, ont un impact sur les comportements et les relations sociales du migrant, notamment ses relations avec l’administration, la police et dans ses relations quotidiennes. Si la frontière est un lieu de violence physique et psychologique, elle n’est pas fixe. Les migrant.e.s et leurs enfants la transportent et la vivent en permanence dans leur relation avec les autres. Elle se matérialise dans la discrimination pour l’accès à l’emploi, la santé et à l’éducation et jusque dans leur propre corps.
Ces journées doctorales ont rempli leur objectif, celui de poser les jalons d’une culture scientifique internationale autour de la thématique des migrations. Les jeunes chercheurs sont les producteurs de la connaissance et en ce sens jouent un rôle crucial pour que nos sociétés appréhendent des problématiques complexes que sont celles des migrations et des racismes. Ils sont aussi porteurs de propositions et de solutions afin que les droits fondamentaux ne soient pas limités à leur présence dans les textes de loi mais soient réellement respectés.
Cette culture scientifique située à l’intersection des milieux académique, militant et artistique, c’est la raison pour laquelle des espaces d’échange avec des associations locales et artistiques ont aussi rythmé ces journées doctorales. De l’apprentissage des danses péruviennes traditionnelles (par Jacha Uru), à l’analyse des publicités commerciales (par Kütral Vargas Huaquilima) en passant par la construction d’un glossaire de vocables non racistes (par Peterson Saintard), la construction d’un podcast sur la traite de personnes (par TRAMA Tejido Migrante-Colombianos por Siempre), l’élaboration d’un contre discours (par le Movimiento Acción Migrante), la recherche de solutions pour la violation des droits du travail de salariés migrants (par le Sindicato Frigorífico Temuco), la proposition d’une aide psychosociale (par la Fundación Social Remanente) les activités ont toutes eu pour objectif l’échange autour d’une approche différente à l’objet d’étude.